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Cherrueix2012Clem4

je le prépare"

Le Mondial de Cherrueix, vécu et présenté de très belle manière par Clément Touron

 

Le mondial de Cherrueix, ça fait 2 ans que je le prépare...

Comme tout pilote non local, la plage ou plutôt la grève de Cherrueix c'est l'enfer; ridin et vase...

Mais à force d'y aller le terrain devient sympa puis super; jouer entre les vasières, voir comment la plage évolue entre chaque marée, rouler en short T-shirt toute la journée avec le vent forcissant dans l'après-midi et puis l'immensité de la baie, extra.

Malheureusement le temps a décidé de nous bouder pendant ce mondial, et c'est la seule fois que j'y ai roulé en combinaison.

les prévisions étaient très mauvaises, mais on finit sur un beau week-end.

Pour ce mondial j'espère faire une place sur un site que je connais bien, avec un char rapide s'il ne casse pas... Et comme j'ai eu beaucoup de problèmes cette année je pense ne pas en avoir cette semaine.

je monte mon char pour la jauge et vois les gros pneus, là je me dis que c'est cuit; en même tant comme j'avais roulé la semaine d'avant avec Philippe et qu'il les avait, ça m'a permis de continuer d'espérer.

Eh oui la gomme n'est pas la même, le pneu se déforme beaucoup moins, le diamètre change la quête du gréement, en gros je me dis que soit ça marche fort, soit ça ne marche pas, comme ils ne les ont pas testés ici et peu testés d'ailleurs

Antoine a une nouvelle voile, Loic revient fort cette année et a gagné le dernier Revert, Egon toujours au top, Ivan avec un char qui marche, Olivier et Hans deux valeurs sûres et enfin Victor le « voleur de trophées » cette année en C3.

C'est en montant mon char que je me dit tout ça et me dit aussi que j'ai peut-être un peu rêvé ces derniers temps en m'imaginant faire mieux que ma 7ème place habituelle. Ce n’est pas grave, on va faire au mieux.

 

Le mercredi, premier jour de course, la grève est trempée comme jamais, mon char colle, je n’arrive pas à rouler. Simplement, je ne reconnais pas mon char: Il ne roule pas, comme englué.

La première manche je roule mal, je fais des erreurs, je ne suis pas serein dans le choix de mes options, j'hésite, ce n'est pas fluide. on s'est battu avec Arnd et Jan Leye pendant un bon moment.

A l'arrivée de la première manche je suis déçu mais ne perd pas espoir.

Pour la deuxième manche, toujours la même histoire, je me fais distancer par le groupe de tête dont Hélène que je vois au loin derrière Olivier. Je me focalise sur cette place à aller chercher plutôt que de regarder les adversaires de derrière.

Et là il y a comme un déclic, je roule mieux, beaucoup mieux, je remonte Hélène doucement mais sûrement, elle relance mieux mais mon char a d'autres qualités; Je finis devant elle. Jean Louis et Joëlle me disent en blaguant que j'aurais pu la laisser devant...

A ce moment je me dit que j'ai sauvé les meubles (comparé à Hans, Ivan et Amaury), je suis 6ème, ma place habituelle, pas si mal. Et puis je ne n'ose plus rêver de podium, je vais faire du mieux pour maintenir ma place.

Et ce slogan, c'est celui que je vais tenir toute la semaine; tenir ma place car les autres sont vraiment proches de moi derrière.

 

Le jeudi, une seule manche, dans les seules 30 minutes de vent de la journée; bien joué Benny pour nous avoir envoyé rapidement en course.

Dans cette manche tout marche ou presque; le terrain se bonifie et mon char revit; départ au coude à coude avec les valeureux pilotes que sont Loic et Egon, on se passe chacun, mais Egon prend un peu d'avance puisqu'on est génés avec des retardataires; résultat Egon prend le large.

Malheureusement pour lui un hauban casse. Le tournant du championnat est là pour lui, il avait manche gagnée, il enfonçait le clou sur Victor et la suite aurait été un duel magnifique. Je suis déçu pour lui.

La course continue et Olivier me double sur je ne sais quelle faute de ma part, option ou largue loupé. Ah non je me souviens que le vent, qui était instable, a empêché Loic et moi de prendre la même option que d'habitude, on a du tirer un bord à la mer au près et Olivier à tirer tout droit car il a eu du vent.

Bref Olivier me double, je le recolle et sur la fin ma roue avant est presque à son pied de mât sur la ligne d'arrivée; Sacré Olivier, on ne bat pas un champion du monde comme ça!

La course est relancée pour moi.

 

Le vendredi j'ai haï Benny pour son drapeau jaune à la première manche en me privant d'une première victoire de manche sur un championnat. 29minutes de bonheur, assez loin devant, assez pour foirer un largue et que Egon ne me double pas.

La deuxième fût un vrai marathon pour moi, poussette tout le temps; Après coup je me suis dit que Benny avait sûrement raison, et que c'est un choix difficile à faire; Il a longtemps hésité à annuler, sûrement trop de l'avis des pilotes mais être directeur de course ne doit pas être facile dans ces conditions. j'oublie ces 2 manches rapidement.

 

Le samedi 2 manches louvoyage dans la première puis bords directs (sauf bouée cancale et porte). Le vent est assez constant et la plage bien sèche vu la pluie du vendredi soir. Avec Victor on roule au coude à coude, lui devant, encore... Je croise mes bords pour tenter d'avoir du meilleur terrain, une priorité, et

à force d'essayer ça paye, j'arrive de droite sur un retardataire (Victor juste derrière lui), il vire tardivement (G20 « friends on the beach », c'est normal), Victor passe derrière moi. Malheureusement G20 a coupé un peu de ma vitesse et le bord suivant je suis limite, juste voire trop juste (selon le pilote qui interprète la priorité)pour passer devant Victor.

Je ne tente pas, je passe derrière, perds du terrain et du coup doit retirer un bord pour contourner la vase avant la bouée cancale.

Victor est définitivement devant.

Egon s'enlise à la mer dans son option qui a bien payé quelques tours avant, il est au ralentit, Victor le passe, j'arrive à ses fesses; C'est Victor qui enfonce le clou pour la première place.

La deuxième manche du samedi, je pars loin mais les bords plus directs et le vent qui monte sont favorables à mon char. Je remonte de la 10ème place à la 2ème, Victor est trop loin.

Le samedi est donc une journée qui me place 3ème mais les poursuivants ont les dents longues. Loic est à égalité de point avec moi et Olivier 1 point derrière nous. Et ils en veulent, Loic me fait vraiment peur même si je sais que mon char va plus vite. Olivier ne lâchera rien non plus ça c'est sûr!

Samedi soir on regarde le classement avec Egon et il me glisse gentiment: "je suis content pour toi, c'est vraiment bien, demain tu vas venir me chercher". Je lui dis qu'il y a trop de points entre nous et que je vais déjà essayer de conserver ma 3ème place ce qui serait déjà génial. Lui ne doute pas du dénouement.

 

Dimanche, Première manche, une place de 4 sur la ligne, on part bien avec Loic (encore lui et oui on a beaucoup roulé ensemble pendant ce championnat) et je me retrouve encore derrière Victor; il roule bien, il va vite, je reste derrière et je surveille l'écart avec Egon, il revient fort à un moment,

alors je fais attention à garder des options pas trop extrêmes.

Pour la Deuxième manche, le vent tourne et monte d'un cran sur la ligne de départ; Interrogation: je leste ou pas, non c'est pas sérieux si le vent baisse; allez tu connais la baie si le vent monte à 14h en plus Noroit avec du soleil, ca va tenir et même peut être monter encore; Alors je leste et ça marche!

Je pars 1 devant Jake (quelle vitesse à cette manche!) et le reste; dans le rétro Ivan renait, il me rattrape à un moment, mais ensuite je garde mes distances. Première Victoire de manche d'un championnat, simplement bon. Toutes les personnes qui ont vu la course et qui m'apprécient me félicitent, ils sont heureux pour moi.

Voir dans leurs yeux cette joie, c'est exceptionnel, ils sont presque plus contents que moi. Merci à ces personnes, ils savent depuis combien de temps je roule et j'espère un résultat, c'est la mon meilleur souvenir, voir les gens heureux pour moi.

Benny vient spécialement au stand pour me féliciter, ca fait plaisir car ça fait deux ans qu'il m'encourage et qu'il pense que je peux faire une résultat.

Après l'émotion je me retourne et voit Ivan tout sourire, on se félicite, lui est heureux pour moi et moi pour lui, il est enfin à sa place. J'estime beaucoup Ivan car il roule extrêmement bien; Allez je me lance: pour moi il est le favori pour l'année prochaine à St Peter...

Je passe 2ème à égalité de point avec Egon, il avait raison, je suis passé. Il ne reste plus qu'à y rester...

 

Dernière manche, Sur la ligne je vois un concurrent batailleur, Loïc, à peine remis de son dématage, il repart à l'attaque, bravo.

Sur la ligne je me dis que quelque soit l'issue du championnat, je suis vraiment content. A ce moment je ne pense pas garder ma 2ème place, je pense qu'Egon sera devant. 3ème c'est déjà un rêve.

je pars pas mal et Voit Egon 2 places devant, on va aussi vite, on double les mêmes, je le garde en ligne de mire, puis je le double, il me repasse, je repasse, et c'est finit, je garde l'avantage.

Ivan gagne sa manche, je suis heureux pour lui.

Ca y est je finis 2ème du championnat, incroyable de remonter dans le classement comme ça doucement jour après jour.

Quelqu'un m'a dit avant le championnat que j'allais faire un résultat. Après le 1er jour je lui dit qu'il a eu tord de "parier" sur moi; il me répond :"on verra à la fin de la semaine".

Juste après ma première bonne manche, on se croise et il me dit:"t'as vu ça vient". Ensuite on se croisait, un regard ou juste un geste pour montrer qu'il avait confiance en son pronostic et que tranquillement ça prenait la tournure qu'il pensait dès le début.

Merci à lui pour avoir cru en moi.

2ème c'est une victoire pour moi, J'étais très heureux et fier de pouvoir me batailler avec les meilleurs.